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Ressources Territoriales
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22 mai 2009

Mobilité...no comment !

Propos entendus dans les couloirs d'une mairie (commune de 5000 habitants) :

- Partir mais pour aller où ? Et faire quoi ? Je suis bien moi ici ! Et à 50 ans, on ne bouge plus... et puis, j'ai construit ici, j'en ferai quoi de ma maison ? Hein ?

- Moi, c'est pareil. Ca fait 8 ans déjà que je suis là mais je suis bien ici. Je n'habite pas la commune et j'ai 33 ans mais je ne me vois pas partir.

- Ils n'ont que ce mot à la bouche "mobilité"... Alors, d'un côté, tout va bien et l'adjoint au personnel m'a même mis 17 et de l'autre, il me demande si j'ai déjà envisagé de postuler ailleurs. Je ne comprends rien !

- Ils veulent pas nous nommer au grade supérieur ! C'est toujours sur le dos du personnel que se font les économies..."

AÏE ! Voici une conversation qui nécessiterait un recadrage avant que l'émulation provoque conflits et heurts !

La consultante que je suis aimerait se spécialiser dans l'accompagnement à la mobilité. Je crois et j'adhère complètement à une vision positive de la mobilité. La mobilité permettrait d'éviter la pesanteur qui règne dans les mairies et dans certains établissements (pas de langue de bois !), apporterait plus de qualité dans la démarche de service public et induirait l'alternance des compétences.

La volonté est présente au sein des collectivités mais j'ai comme un doute : n'est-ce pas aux directions de montrer l'exemple ? Comment un D.G.S. en poste depuis 22 ans sur la même commune peut-il insuffler une nouvelle orientation sans savoir de quoi il parle ? Je m'interdirai de parler de "discours" à servir aux agents. La mobilité va relever d'un vrai travail interne émanant de la direction des ressources humaines qui aura répertorié les besoins de la structure à moyen terme (G.P.E.E.C.) et aura cartographié les postes et les grades inhérents. La mobilité pourra ainsi être encouragée en interne (très grandes structures) ou externe. La Fonction Publique Territoriale est ainsi faite : un agent est titulaire de son grade mais pas de son poste. Ce très grand avantage par rapport à la Fonction Publique d'Etat lui permet de postuler dès qu'il le souhaite en consultant simplement les offres d'emploi sur les sites dédiés. Il est donc acteur de son itinéraire professionnel... mais une liberté assez peu utilisée en somme si on constate la faiblesse des flux de mobilité.

Lors de mes interventions de "consulting", je constate le paupérisme des informations RH qui parviennent aux agents ; il n'y a souvent aucun cadre (fiche métier, fiche de poste nominative, statut, concours, réglement intérieur...) et les questions des agents restent souvent questions mortes. Comment, dans ces conditions, pourrait-on mettre en place l'idée de la mobilité ? Comment même pourrait-on se permettre d'aborder le sujet lors de l'entretien annuel d'évaluation comme dans cette commune de 5000 habitants que je cite plus haut ? Je trouve que c'est de l'ordre de l'indécent ! C'est dit.

La mobilité fait peur pour 80% des agents. On entre ici dans la psychologie humaine. La majorité des hommes n'aiment pas le changement. L'idée du changement entraîne des réflexes primaires : refus, angoisses, peurs incontrôlées... L'homme aurait-il peur de l'homme finalement ? Qu'est-ce que le changement si ce n'est pas la rencontre de nouvelles personnes avant tout ?

La faute à qui donc ? Aux Directions ou à l'Homme ? Il n'y a qu'une réponse possible. C'est bien aux directions de tenir compte du paramètre "humain" et de créer un canevas pour chaque agent en se posant la question des motivations. Qu'est-ce qui va inciter l'agent à muter ? : la perspective d'une spécialisation ? la reconnaissance par un management ciblé sur une excellente communication interne ? un défi à relever ? Un meilleur salaire ? Dès lors que la réponse sera trouvée et constatant l'impossibilité de la collectivité de lui proposer ce levier de motivation (parce que la structure est trop petite, parce que il n'y pas le besoin...), la suite pourra s'écrire d'autant plus facilement en s'appuyant sur des nouveaux outils et avec un mode de management adapté.

Mais la mobilité n'est pas la provocation de l'évènement, c'est simplement une porte entrouverte. La priorité reste - et j'insiste - le travail de l'agent dans sa collectivité actuelle et la reconnaissance de ses compétences. Peut-être un jour nous quittera-t-il, mais peut-être pas et finalement, ce qui importe ce n'est pas de savoir quand mais de savoir qu'on lui a donné toutes les clés pour ouvrir toutes les portes, et notamment celle du portail...

ressourcesterritoriales@gmail.com

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